Le but de cet relation est celui de s'interroger sur le « pourquoi » et sur le « comment » au cours de l'entre deux guerres le modèle de financement industriel en Italie se transforma profondément. En effet, au lendemain de la première guerre mondiale, l'ensemble des caractéristiques qui définissaient ce modèle de relations entre banque et industrie fut bouleversé et fragilisé jusqu'à le mettre en cause et à exiger sa mutation. Il faudra saisir la nature de ce passage d'un modèle à un autre se demandant d'abord s'il s'agissait de rupture ou de continuité, d'implosion ou de métamorphose, de crise due à l'incapacité à continuer suivant comportements et règles qui s'étaient imposés durant l'avant-guerre et qui venaient de se tarir pour des raisons internes, liées à des changements plus généraux, ou à la nécessité de s'adapter à des besoins de financement nouveaux. En d'autres termes, la question est de savoir quel part faudrait-il assigner dans cette transformation à des causes endogènes ou à des facteurs exogènes au système bancaire et financier. Dans le premier cas, la gestion des risques de financement serait à la base d'une instabilité financière croissante ne trouvant plus d'amortisseurs à l'intérieur du système même, ni à travers les instruments financiers utilisés, ni à travers les canaux de l'intermédiation financière et des flux de financement les plus suivis jusqu'alors. Dans l'autre cas, plutôt que d'un problème d'offre et d'organisation du crédit, il s'agirait surtout d'un problème de demande dépendant d'un déphasage entre les besoins de financement et les capacités du système financier à les remplir gérant de manière efficace ses engagements. Difficilement, on pourra dégager des faits et d'un processus historique ainsi complexe des conclusions tranchantes et définitives. En tout cas, l'analyse tentera d'indiquer un primum movens et de tracer un parcours précis. Nous chercherons de remettre dans leur perspective historique ce qui se passa au cours de ces années dans le système bancaire et dans les relations entre banques et industries au fin d'évaluer mieux et, peut être, de reconsidérer la valeur d'opinions formées à l'époque et devenues thèses d'historiographie. Ceci nous amènera à tirer certaines conclusions sur les causes des échecs de la banque mixte. Notre thèse est que dès la fin de la guerre et en conséquence de changements soudains et brutaux dans les variables monétaires (où les banques avaient leur part) et dans les pouvoirs d'achats vint s'étaler une déconnexion entre le fonctionnement des règles de marché et les avantages (et désavantages) donnés par l'ordre juridique de tutelle des titres de propriété et des obligations. En d'autres termes, l'instabilité monétaire, accompagnée par une instabilité de perspectives économiques et financières, et d'interventions qui, pour éviter faillites et effets de propagations, affaiblirent les responsabilités contractuelles imposant interventions de plus en plus massives de la part de l'Etat. La « destruction créatrice » fut remplacée par un principe opérationnel presque contraire de restructuration sous tutelle pour éviter la faillite. Ainsi, ce qu'on gagnait en stabilité était en dépit d'une suspension progressive de la validité de certains principes contractuels qui finissaient pour affaiblir la force des actions de responsabilité au coeur d'une économie de marché et du droit privé sous-jacent. La perception que la taille de banque, et d'entreprise aussi, bloquait toutes les actions de récupération des créances à travers la faillite ouvrait la porte à des problèmes d'hasard moral, ce qui baissait le seuil de la prise des risques. Après les corrections mises en place avec la loi bancaire de 1926, les métiers de banque et ceux de l'industrie s'entremêlèrent sans aucun avantage. L'issue est connue. Plus contestable et compliqué de ce qui ne paraîtrait c'est néanmoins le parcours suivi pour y parvenir. Nous tenterons de le retracer à partir des germes de l'instabilité…
Le financement d'entreprise et la crise du modèle de banque et de gouvernance dans l'Italie de l'entre deux guerres / Schisani, MARIA CARMELA; G., Conti. - (2007). (Intervento presentato al convegno Financer les entreprises face aux mutations économiques du XXe siècle. tenutosi a Paris - Hôtel de la Monnaie, 11 Quai Conti nel 15 et 16 mars 2007).
Le financement d'entreprise et la crise du modèle de banque et de gouvernance dans l'Italie de l'entre deux guerres .
SCHISANI, MARIA CARMELA;
2007
Abstract
Le but de cet relation est celui de s'interroger sur le « pourquoi » et sur le « comment » au cours de l'entre deux guerres le modèle de financement industriel en Italie se transforma profondément. En effet, au lendemain de la première guerre mondiale, l'ensemble des caractéristiques qui définissaient ce modèle de relations entre banque et industrie fut bouleversé et fragilisé jusqu'à le mettre en cause et à exiger sa mutation. Il faudra saisir la nature de ce passage d'un modèle à un autre se demandant d'abord s'il s'agissait de rupture ou de continuité, d'implosion ou de métamorphose, de crise due à l'incapacité à continuer suivant comportements et règles qui s'étaient imposés durant l'avant-guerre et qui venaient de se tarir pour des raisons internes, liées à des changements plus généraux, ou à la nécessité de s'adapter à des besoins de financement nouveaux. En d'autres termes, la question est de savoir quel part faudrait-il assigner dans cette transformation à des causes endogènes ou à des facteurs exogènes au système bancaire et financier. Dans le premier cas, la gestion des risques de financement serait à la base d'une instabilité financière croissante ne trouvant plus d'amortisseurs à l'intérieur du système même, ni à travers les instruments financiers utilisés, ni à travers les canaux de l'intermédiation financière et des flux de financement les plus suivis jusqu'alors. Dans l'autre cas, plutôt que d'un problème d'offre et d'organisation du crédit, il s'agirait surtout d'un problème de demande dépendant d'un déphasage entre les besoins de financement et les capacités du système financier à les remplir gérant de manière efficace ses engagements. Difficilement, on pourra dégager des faits et d'un processus historique ainsi complexe des conclusions tranchantes et définitives. En tout cas, l'analyse tentera d'indiquer un primum movens et de tracer un parcours précis. Nous chercherons de remettre dans leur perspective historique ce qui se passa au cours de ces années dans le système bancaire et dans les relations entre banques et industries au fin d'évaluer mieux et, peut être, de reconsidérer la valeur d'opinions formées à l'époque et devenues thèses d'historiographie. Ceci nous amènera à tirer certaines conclusions sur les causes des échecs de la banque mixte. Notre thèse est que dès la fin de la guerre et en conséquence de changements soudains et brutaux dans les variables monétaires (où les banques avaient leur part) et dans les pouvoirs d'achats vint s'étaler une déconnexion entre le fonctionnement des règles de marché et les avantages (et désavantages) donnés par l'ordre juridique de tutelle des titres de propriété et des obligations. En d'autres termes, l'instabilité monétaire, accompagnée par une instabilité de perspectives économiques et financières, et d'interventions qui, pour éviter faillites et effets de propagations, affaiblirent les responsabilités contractuelles imposant interventions de plus en plus massives de la part de l'Etat. La « destruction créatrice » fut remplacée par un principe opérationnel presque contraire de restructuration sous tutelle pour éviter la faillite. Ainsi, ce qu'on gagnait en stabilité était en dépit d'une suspension progressive de la validité de certains principes contractuels qui finissaient pour affaiblir la force des actions de responsabilité au coeur d'une économie de marché et du droit privé sous-jacent. La perception que la taille de banque, et d'entreprise aussi, bloquait toutes les actions de récupération des créances à travers la faillite ouvrait la porte à des problèmes d'hasard moral, ce qui baissait le seuil de la prise des risques. Après les corrections mises en place avec la loi bancaire de 1926, les métiers de banque et ceux de l'industrie s'entremêlèrent sans aucun avantage. L'issue est connue. Plus contestable et compliqué de ce qui ne paraîtrait c'est néanmoins le parcours suivi pour y parvenir. Nous tenterons de le retracer à partir des germes de l'instabilité…I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.