Horkheimer et l’Âge classique

Horkheimer est principalement connu comme le penseur qui dans le cadre de l’Institut pour la recherche sociale à Francfort a développé le concept de « théorie critique ». La théorie critique, comme elle est caractérisée par ce philosophe au cours des années 1930 par opposition à la théorie traditionnelle, thématise les contradictions internes et externes impliquées par l’économie marchande sur laquelle repose le monde moderne dans l’optique d’esquisser la forme d’une société nouvelle d’individus libres. Selon le penseur et sociologue allemand, après une période ascensionnelle, caractérisée le par le développement des facultés humaines et par l’affirmation progressive de la maîtrise de l’homme sur la nature, l’économie fondée sur l’échange des marchandises a fini par freiner le le déploiement et l’émancipation de l’individu et conduit la société à une nouvelle barbarie. Mais Horkheimer – notamment avant d’élaborer sa théorie critique – s’est intéressé de manière systématique aux penseurs de l’époque moderne ainsi qu’aux vicissitudes historiques et aux transformations économiques et sociales qui marquent cette période. Cette communication se propose de présenter la vision horkheimerienne de la philosophie moderne, notamment du XVIIe siècle, et d'analyser tout particulièrement son interprétation de Descartes et Spinoza. On considère notamment les "Vorlesungen über die Geschichte der neueren Philosophie", qu’aujourd’hui nous pouvons lire dans le volume 9 des "Gesammelte Schriften" de Horkheimer. Il s’agit des leçons sur l'histoire de la philosophie moderne du cours tenu par Horkheimer à l’Université de Francfort en 1927, pendant le semestre d’été. On montre que les "Vorlesungen über die Geschichte der neueren Philosophie" - ainsi que les essais écrits pendant les années 1930 - fournissent une vue d’ensemble sur l’interprétation matérialiste de l’histoire de la philosophie moderne à laquelle Horkheimer travaille à cette époque.