Parisien de naissance, Huysmans a choisi la capitale française comme cadre de la majeure partie de son œuvre. Il a accordé une large place au paysage urbain, en privilégiant le vieux Paris, les coins écartés et mélancoliques, les quartiers populaires périphériques n’ayant pas subi les transformations urbanistiques du Second Empire. Les jardins publics constituent une exception singulière : ces lieux où le monde végétal, organisé et domestiqué, est intégré dans le tissu urbain, trouvent quelque grâce aux yeux de l’écrivain. Lors du colloque La nature dans la cité : émotions et représentations, nous avons réfléchi au rapport complexe de Huysmans à la nature et à la ville moderne à travers le thème du jardin, en analysant les différentes représentations du jardin dans ses œuvres, du jardin public des récits naturalistes au jardin-cloître des derniers romans d’inspiration catholique, en passant par le jardin abandonné d’En rade. Une attention particulière a été accordée aux textes où Huysmans met en scène les espaces verts parisiens. Dans La Retraite de M. Bougran, par exemple, le protagoniste, amené à fréquenter le Jardin du Luxembourg à cause de sa retraite anticipée, y contemple la torture infligée aux arbres fruitiers, qui lui rappelle ses propres souffrances. Le lieu devient le symbole de l’administration. Dans En ménage, une promenade d’André et Cyprien dans ce même jardin permet à Huysmans d’évoquer des souvenirs d’enfance des deux amis et, au passage, de critiquer les statues des reines de France. La description du jardin privé d’André est, en revanche, l’occasion de caricaturer le mode de vie bourgeois dans les faubourgs parisiens. Huysmans a également consacré deux textes à des jardins publics de Paris : Le Parc Monceau et À travers le Jardin du Luxembourg. Ici les errances du flâneur suscitent des observations sur les misères humaines. Le parc Monceau et le Jardin du Luxembourg sont les seuls endroits qui présentent, pour Huysmans, un accord entre les jardins urbains et la population des quartiers où ils sont situés, une harmonie parfaite entre la ville et ses habitants.
« Les jardins dans l’œuvre de Huysmans » / Guglielmi, Francesca. - (2022). (Intervento presentato al convegno convegno internazionale « La Nature dans la cité : émotions et représentations », organizzato dall’Université Gustave Eiffel in collaborazione con l’Université d’Oxford, nell'ambito del programma « Urbanature. Savoirs et cultures de la biodiversité urbaine (XIXe-XXIe siècle) » tenutosi a Maison française d’Oxford (Regno Unito) nel 20-22 aprile 2022).
« Les jardins dans l’œuvre de Huysmans »
Guglielmi, Francesca
2022
Abstract
Parisien de naissance, Huysmans a choisi la capitale française comme cadre de la majeure partie de son œuvre. Il a accordé une large place au paysage urbain, en privilégiant le vieux Paris, les coins écartés et mélancoliques, les quartiers populaires périphériques n’ayant pas subi les transformations urbanistiques du Second Empire. Les jardins publics constituent une exception singulière : ces lieux où le monde végétal, organisé et domestiqué, est intégré dans le tissu urbain, trouvent quelque grâce aux yeux de l’écrivain. Lors du colloque La nature dans la cité : émotions et représentations, nous avons réfléchi au rapport complexe de Huysmans à la nature et à la ville moderne à travers le thème du jardin, en analysant les différentes représentations du jardin dans ses œuvres, du jardin public des récits naturalistes au jardin-cloître des derniers romans d’inspiration catholique, en passant par le jardin abandonné d’En rade. Une attention particulière a été accordée aux textes où Huysmans met en scène les espaces verts parisiens. Dans La Retraite de M. Bougran, par exemple, le protagoniste, amené à fréquenter le Jardin du Luxembourg à cause de sa retraite anticipée, y contemple la torture infligée aux arbres fruitiers, qui lui rappelle ses propres souffrances. Le lieu devient le symbole de l’administration. Dans En ménage, une promenade d’André et Cyprien dans ce même jardin permet à Huysmans d’évoquer des souvenirs d’enfance des deux amis et, au passage, de critiquer les statues des reines de France. La description du jardin privé d’André est, en revanche, l’occasion de caricaturer le mode de vie bourgeois dans les faubourgs parisiens. Huysmans a également consacré deux textes à des jardins publics de Paris : Le Parc Monceau et À travers le Jardin du Luxembourg. Ici les errances du flâneur suscitent des observations sur les misères humaines. Le parc Monceau et le Jardin du Luxembourg sont les seuls endroits qui présentent, pour Huysmans, un accord entre les jardins urbains et la population des quartiers où ils sont situés, une harmonie parfaite entre la ville et ses habitants.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.